La Presse
Mon toit, samedi 28 août 2004, p. MON TOIT5

L'âge de pierre

Lavigne, Lucie

Certaines vasques de Mario Lafrenais ressemblent à de grosses roches sciées en deux qui auraient atterri dans une salle de bains. Massifs et rudimentaires, les lavabos et îlots de cuisine de ce coiffeur, photographe et concepteur autodidacte ont été présentés pour la première fois au Salon international du design d'intérieur de Montréal (SIDIM) en mai dernier. Visiteurs et jury ont été impressionnés.

Ici, pas de flonflon ni d'effet de décoration. C'est la beauté de la matière qui est exploitée. L'effet obtenu est imposant. Quant au style, il est absolument épuré. Selon le concepteur, le design des appareils sanitaires semble (trop) souvent fignolé et chromé. Il préfère de loin exploiter la pureté des matériaux et offrir une durabilité exemplaire.

Ainsi, il a récupéré de la silice dans les champs. Les pierres ont été coupées à l'horizontale et les rebords ont été laissés à l'état brut. Une cavité a été pratiquée, un robinet a été posé et l'allure finale est farouchement naturelle. D'autres lavabos affichent un fini poli de tous les côtés.

" J'aime rester le plus près possible de la pierre naturelle, et j'ai un penchant pour le look industriel ", précise Mario Lafrenais. Dans le cas de la pierre " emorosan ", le concepteur a tenu à la couper d'une façon peu habituelle. Résultat? Les veines de la pierre sont magnifiquement mises en évidence.

" Plusieurs craignent que les coins d'un comptoir ou d'un lavabo en pierre s'effritent, observe-t-il. Or les pierres utilisées se trouvent normalement à l'extérieur et existent depuis des milliers d'années! "

La collection Réservoir 2004 de Moine urbain (la marque fondée par Mario Lafrenais) est constituée de lavabos, de douches et d'îlots de cuisine.

L'envie de produire une collection d'accessoires en pierre est née en 2002 alors qu'il dessinait le mobilier et aménageait les appartements des United Lofts à Montréal. Ce projet situé en zone commerciale et dont Mario Lafrenais est le copromoteur sera achevé lorsqu'une modification du zonage sera réalisée. Entre-temps, l'artiste polyvalent pique la curiosité avec ses lavabos hors du commun et ses comptoirs d'îlots qui ont jusqu'à trois pouces d'épaisseur.

" Au départ, j'espérais faire des lavabos et des comptoirs en béton, révèle-t-il, mais c'est assez compliqué et ça exige beaucoup de temps. Sans compter que c'est plus coûteux que la pierre... et ça fissure! " explique-t-il. Le concepteur réussit toutefois à obtenir un effet de béton en utilisant certaines pierres, comme l'indiana.

Le secret des pierres

La pierre boit tout ce qu'elle reçoit. Les risques de taches sont donc élevés. Comment faire pour les éviter? Il faut sceller minutieusement. Mario Lafrenais utilise des produits d'Italie. " Pour une protection supplémentaire, j'emploie une cire. Il faut poursuivre l'entretien en appliquant une crème-cire à plusieurs reprises pendant l'année, selon l'utilisation ", dit-il.

Malgré tout, une question demeure: une pierre scellée résiste-t-elle aux taches? Devant mon scepticisme, Mario Lafrenais sort du citron, de l'huile, du ketchup et du vinaigre balsamique. À tour de rôle, il en verse quelques gouttes sur une pierre minutieusement scellée. Je dois m'incliner. Il ne reste aucune tache. " Mais il ne faut pas attendre une demi-heure avant de les essuyer ", prévient-il.

Il faut prévoir entre 700 $ et 1500 $ pour un lavabo du Moine urbain. Dans le cas d'une production sur mesure, il faut ajouter 15 % supplémentaire.

Renseignements: (514) 885-2045.


Illustration(s) :

Moine Urbain
Mario Lafrenais a fait couper des pierres de silice et a laissé les rebords à l'état brut pour offrir des vasques d'allure très naturelle.
Moine Urbain
Imposant, ce vaste lavabo de six pieds de longueur a été taillé dans la pierre indiana bleue et porte la signature Moine urbain.


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